Vents de colère (2019)
pour orgue
Vents de colère constitue la première partie d’un cycle à venir de 4 pièces pour orgue seul, Le grand Horloger. Ce cycle devrait atteindre environ 40 minutes et exploitera les possibilités de l’instrument tout en cherchant à étirer à l’extrême la perception du temps. L’orgue a en effet la particularité d’être le seul instrument acoustique capable d’étirer les notes à l’infini, et c’est cette spécificité instrumentale qui m’a poussé à orienter mon travail dans ce sens.
L’autre grande caractéristique de l’instrument est la registration, qui permet à l’organiste d’avoir une palette sonore infinie sous les doigts. Vents de Colère, qui se veut à la fois pièce à part entière et ouverture sur la suite du cycle, explore ces possibilités de registration en exposant la plupart du matériau musical qui sera utilisé dans les 3 autres pièces : clusters (« nuage sonore »), spectres harmoniques et inharmoniques, plain-chant modal…
La référence au passé est presque incontournable lorsqu’on travaille avec cet instrument. Qu’il soit proche (Ligeti, Grisey et l’école spectrale, ou encore l’école française d’orgue du premier vingtième siècle) ou plus lointain (Bach, la renaissance franco-flamande), ce riche héritage se voit ici mêler à un langage plus personnel, basé sur la pure recherche de la sensation sonore, voire de la transe.
Le titre évoque, en écho aux récents évènements, l’insurrection qui gronde, et qui marque la fin de chaque grand cycle de l’Histoire, en même temps que le début d’un nouveau cycle.